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nécessaires et indéfiniment nécessaires, en ce sens du moins que leur nécessité diminuera toujours et ne cessera absolument jamais. En conquérant la liberté l’homme a introduit le mal dans les conditions de son existence (idée de la « chute », transposée en théorie philosophique ; Rousseau déjà, inconsciemment peut-être, était pénétré de cette idée). Ce mal c’est la civilisation : labeur, effort, concurrence, rivalité, lutte, guerre. Mais ce mal lui-même est condition et facteur d’un bien, d’un bien relatif, le seul dont l’humanité soit capable depuis la chute, mais d’un bien relatif et qui doit toujours aller s’augmentant et se rapprochant du bien absolu, sans jamais l’atteindre.

Une des formes de ce mal condition d’un bien, c’est la guerre. La guerre est un des moyens par lesquels l’humanité, avec aveu de la Providence, se tire d’un état de stagnation et de corruption : « Il faut avouer que les plus grands maux qui pèsent sur les peuples civilisés nous sont attirés par la guerre et non pas tant par la guerre passée ou présente que par les préparatifs ininterrompus et même sans cesse multipliés de la guerre future. Mais... y aurait-il cette culture, cette étroite union des classes de l’État et l’accroissement de la population et même ce degré de liberté qui, quoique très resserré par des lois,