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puter une proie... — Quelle funeste condition que celle des hommes ! — Celle des perdrix est pire ; les renards, les oiseaux de proie les dévorent, les chasseurs les tuent, les cuisiniers les rôtissent, et cependant il y en a toujours. La nature conserve les espèces et se soucie très peu des individus. — Vous êtes dur et la morale ne s’accommode pas de ces maximes. — Ce n’est pas moi qui suis dur ; c’est la destinée. »

Vauvenargues, qui est rarement de l’avis de ses contemporains, pense peu de bien de la paix. Tout en s’affligeant de ce que les armées de son temps ne soient animées ni par l’intérêt de la guerre qu’ils soutiennent, ni par l’amour de la gloire, ou de la patrie, mais simplement menées et ramenées par le tambour, ce qui, du reste, ne signifie pas grand’chose ; il méprise la paix « qui borne les talents et amollit le peuple » et il exalte la vertu militaire : « Il n’y a pas de gloire achevée sans celle des armes. »

Quoique cette étude soit surtout consacrée au Pacifisme en France, on s’étonnerait avec quelque raison que le nom de Kant ne s’y trouvât point. Kant, jeune encore à la vérité, et tout à fait, ce semble, sous l’influence de Rousseau, constate que chaque société repose sur un contrat et qu’il n’y a aucun contrat entre les sociétés, qu’en consé-