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térêt les confirme... et tenant à des institutions humaines et qui n’ont point de terme absolu, il varie et doit varier de nation à nation. » (Fragment relatif à l’état de guerre. Ed. Dreyfus-Brisac.)

Non comme assiette d’une paix perpétuelle, mais comme frein pouvant quelquefois arrêter la guerre, Rousseau songea à une ligue des petits États, à une « république confédérative des petits États »[1] Nous retrouverons cette idée dans le cours du présent livre.

Voltaire, comme sur toutes les questions, a eu plusieurs avis différents sur la guerre. Plusieurs fois il la maudit, en philosophe humanitaire qu’il était et qu’il était très sincèrement. Quelquefois il la reconnaît comme une nécessité et une loi de l’espèce. Ailleurs sa verve s’excite contre les songe-creux qui rêvent de paix perpétuelle. Il faut lire surtout de lui sur ce sujet l’article Guerre dans le Dictionnaire philosophique et le Dialogue entre A. B. C. En voici, rapidement, les passages les plus caractéristiques : « Philosophes moralistes, brûlez tous vos livres. Tant que le caprice de quelques hommes fera loyalement égorger des milliers de nos frères, la partie du genre humain consacrée à l’héroïsme sera ce qu’il y a de plus affreux dans

  1. Voir M. Lassudrie-Duchêne, ouvrage cité.