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tances des troupes de l’Alliance générale sur les frontières, et cette contribution sera réglée au congrès à la pluralité des voix des alliés... Si quelqu’un des associés ou autres souverains refusait l’arbitrage de la diète et d’exécuter le jugement de la grande alliance, s’il faisait des préparatifs de guerre, s’il tentait de faire des négociations pour diviser les alliés, la grande alliance le regardera comme perturbateur du repos de l’Europe et agira contre lui ofïensivement jusqu’à ce qu’il ait accepté l’arbitrage, exécuté le jugement et donné sûreté de réparer le tort qu’il aura causé et de rembourser les frais de guerre des alliés. »

En un mot l’abbé de Saint-Pierre, comme certains logiciens prouvent la chose à prouver par la chose à prouver elle-même, établissait la concorde de l’Europe sur la concorde de l’Europe. Il mettait la paix européenne à faire entre les mains d’un corps européen qui la supposait faite et voulue par tous.

Je ne dis pas cela pour le railler ni le blâmer ; car je suis persuadé que c’est précisément ainsi que se font les choses. La justice s’établit dans un peuple quand déjà elle y existe et qu’elle n’a plus qu’à s’organiser ; un gouvernement despotique s’établit dans un peuple quand déjà les mœurs y sont despotistes ; l’anarchie est spontanée avant