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rot, en son article Paix du Dictionnaire encyclopédique, n’a guère écrit qu’un lieu commun sur les bienfaits de la paix et les horreurs de la guerre sans aucune idée considérable ; c’est du Malherbe délayé en prose assez plate. Il est du moins plus intéressant dans sa Promenade du sceptique, où il démontre que toutes les guerres viennent des prêtres : « Parcourez l’histoire ecclésiastique et vous serez convaincu que si la religion chrétienne eût conservé son ancienne simplicité ; que si l’on n’eût exigé des hommes que la connaissance de Dieu et l’amour du prochain ; que si l’on n’eût point embarrassé le christianisme d’une infinité de superstitions qui l’ont rendu dans les siècles à venir (?) indigne d’un Dieu aux yeux des gens sensés, en un mot que si l’on n’eût prêché aux hommes qu’un culte dont ils eussent trouvé les premiers fondements dans leur âme ; ils ne l’auraient jamais rejeté et ne se seraient point querellés après l’avoir admis. L’intérêt a engendré les prêtres, les prêtres ont engendré les préjugés, les préjugés ont engendré les guerres et les guerres dureront tant qu’il y aura des préjugés, les préjugés tant qu’il y aura des prêtres et les prêtres tant qu’il y aura de l’intérêt à l’être. » — Cette conception est certainement originale ; mais elle manque peut-être un peu de profondeur.