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devrait souhaiter de toute son âme. « Au lieu de tirer du droit de conquête des conséquences si fatales, les politiques auraient mieux fait de parler des avantages que ce droit peut apporter quelquefois aux peuples vaincus. Les États que l’on conquiert ne sont pas ordinairement dans la force de leur institution : la corruption s’y est introduite ; les lois y ont cessé d’être exécutées ; le gouvernement est devenu oppresseur. Qui peut douter qu’un État pareil ne gagnât et ne tirât quelque avantage de la conquête même, si elle n’était pas destructive ? Un gouvernement parvenu au point où il ne peut plus se réformer lui-même, que perdrait-il à être refondu ? Un conquérant qui entre chez un peuple où, par mille ruses et par mille artifices, le riche s’est insensiblement pratiqué une infinité de moyens d’usurper ; où le malheureux qui gémit, voyant ce qu’il croyait des abus devenu des lois est dans l’oppression et croit avoir tort de la sentir, un conquérant, dis-je, peut dérouter tout (?), et la tyrannie sourde est la première chose qui souffre la violence (?). On a vu, par exemple, des États opprimés par des traitants, être soulagés par le conquérant qui n’avait ni les engagements ni les besoins qu’avait le prince légitime. Les abus se trouvaient corrigés sans même que le conquérant les corrigeât. Quelquefois la frugalité de la