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En dehors de Grotius (et de ses commentateurs, dont le plus notable est Barbeyrac), vraiment personne au xviie siècle ne s’est occupé du droit de guerre et de paix. Bourdaloue, Bossuet, Fénelon, ont proféré quelques banalités sur ce sujet, qui ne sont que de vagues souhaits de paix parmi les hommes, ou condamnations de l’esprit de conquête. Trois mots énergiques de Pascal sur le droit de tuer selon l’endroit où la frontière est placée ne nous donnent évidemment pas le fond de sa pensée sur cette question qu’il ne semble pas du reste avoir beaucoup étudiée.

Le Pacifisme, peu approfondi encore, mais réel, mais déjà un peu consistant, apparaît au xviiie siècle, très nettement, surtout en France. Montesquieu est pour M. Lagorgette un pacifiste, parce que M. Lagorgette lit toujours tout le texte mais n’en reçoit guère que ce qui lui est favorable. Donc Montesquieu est un pacifiste ; mais c’est un pacifiste très relatif. Je reconnais qu’il repousse toute guerre fondée sur les principes arbitraires de gloire, de bienséance et d’utilité. C’est condamner, ce que je ne lui reproche pas, neuf guerres sur dix. Il réduit le droit de faire la guerre au cas de nécessité de conservation. Je ne dis pas au droit de légitime défense ; car il est trop intelligent pour ne pas savoir que souvent l’attaque n’est qu’une