Page:Faguet - Le Pacifisme.djvu/27

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

décidé. Son but est surtout, je le sais, de rendre la guerre humaine, et de la rendre en quelque sorte régulière et juridique en en traçant une sorte de code qui la restreint et la réprime dans certaines limites ; jusqu’où l’on peut aller dans la guerre et jusqu’où l’on ne doit pas aller, et des justes motifs de déclaration de guerre et des injustes motifs d’agression, c’est de quoi surtout il se préoccupe et nous entretient ; et opposer toujours énergiquement le Droit à la Force et dénier tout droit à la Force et condamner expressément ce qu’on appellera plus tard « le Droit de la Force », c’est surtout à quoi il vise. — Mais il est bien certain qu’il déteste tellement la guerre qu’il en vient, au moins quelquefois, à la condamner même quand elle est l’expression du droit, même quand elle est incontestablement juste. Il dira qu’il ne faut faire la guerre que quand, non seulement elle est juste et opportune, mais encore présente de grandes, de très grandes chances de succès. Il condamne la résistance insensée des Sagontins contre les Carthaginois et celle de Caton contre César ; il ne craint pas de dire : « La vie étant le plus grand des biens et valant mieux que la liberté, il n’est pas sage de l’exposer pour la liberté et autres choses semblables. Il faut préférer l’esclavage. » — Voilà du vrai pacifisme.