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romaine » imposée par le respect, mais en vérité je n’aurais rien à redire à une sorte de « terreur romaine ». L’Église interdisant l’Enfer ici-bas et l’empêchant d’être par la peur qu’elle ferait aux hommes de l’Enfer diabolique ; et persuadant à l’humanité que créer l’Enfer sur la terre n’est pas le moyen de l’éviter ailleurs, mais le sûr moyen de le retrouver autre part ; ce serait une chose que je ne trouverais aucune raison de juger mauvaise.

Ç’a été l’intention de l’Église, mais la religion, quoi qu’on en pense, a toujours été si faible chez les hommes qu’elle a été impuissante à les empêcher de s’entre-tuer, toute leur nature les y poussant invinciblement et tant ils y trouvaient de plaisir ; et non seulement ils n’ont pas puisé dans leur religion un motif de respecter la vie humaine, mais ils y ont puisé un prétexte de s’entre-tuer plus encore.

Les guerres de religion, quelque mêlées de politique qu’elles aient toujours été et à tel point que pour l’historien il n’est pas sûr qu’aucune guerre de religion ait été une guerre de religion, sont, à les considérer comme guerres religieuses au moins de par le prétexte invoqué, un des objets de méditations que je recommande le plus aux pacifistes et aux bellicistes. Une guerre de religion est une guerre qui est faite pour tel ou tel