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qui acceptent la force, la conquête, l’oppression d’où qu’elle vienne et ne croient pas qu’il vaille la peine de se défendre contre elle.

Quant aux philosophes de moyen ordre, pour ainsi dire, et d’esprit tempéré, ils considèrent la guerre : 1o comme un fléau et comme une sorte de bestialité; 2o comme un pis-aller nécessaire ; et ils disent avec Cicéron : « Comme il y a deux manières de débattre, l’une par discussion, l’autre par la violence, et comme celle-ci est celle des bêtes féroces et l’autre celle des hommes, il faut se ranger à la seconde si l’on ne peut pas user de la première. — Cum sint duo genera decertandi, unum per disceptationem, alterum per vim, confugiendum est ad posterius si uti non licet superiore. » À la fois condamnation de la guerre en principe et aveu qu’elle peut être une nécessité. On tirerait de ce texte la distinction, fameuse depuis, des guerres offensives, qu’il ne faut jamais faire, et des guerres défensives qu’il faut accepter quand on ne peut les éviter d’aucune manière.

Mais l’esprit romain, l’esprit général de la nation romaine n’est nullement ici.

Les Romains ont eu, à l’égard de l’idée de paix, une évolution assez intéressante. Ils ont été d’abord, comme tous les peuples de l’antiquité, de simples belliqueux, obéissant aux suggestions de la