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Spartiates se sont maintenus tant qu’ils ont fait la guerre ; mais quand leur domination a été établie, ils ont péri, faute de savoir vivre en repos et de s’être exercés aux autres vertus plus importantes que celles des combats. »

Pour qui encore ? « Pour ceux qui par métier font partie de l’armée. Ainsi la noblesse, lorsque cessa momentanément sa fonction, ou lorsqu’elle n’en eut plus le monopole, tomba facilement dans l’inertie et la corruption, parce que son préjugé, concordant avec son inaptitude pour des travaux inaccoutumés, l’empêchait de s’y livrer. Qui à l’heure actuelle est oisif (et nous ne souhaitons pas qu’il cesse de l’être) ? N’est-ce pas les militaires de profession, dont la tâche est de préparer et d’exécuter une guerre qui n’arrive pas ? En sont-ils moins moraux, au dire des apologistes eux-mêmes ? La suppression de la guerre substituerait à l’activité intermittente et violente l’activité continue et intense, encore que régulière, du travail industriel et de l’émulation économique… » (Lagorgette.)

Il y aura toujours dans l’humanité une matière suffisante de travail, d’effort et même de lutte. L’humanité ne s’endormira jamais, parce que la paix n’endort point. De ce que la guerre est une crise de nerfs, il ne faut pas conclure que la paix