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rien. De 1496 avant J.-C. à 1861, en 3358 ans, il y a eu 227 années de paix et 3130 de guerre, soit une année de paix sur 13, dans le monde civilisé seulement. L’illusion contraire provient de la fatigue, de l’épuisement des ressources après le carnage. Les belligérants paraissent désirer la paix et signent des traités. Mais ce n’est souvent qu’une trêve, passagère comme le sentiment de la faiblesse et d’autant plus précaire que les conventions imposées par la force ne semblent pas respectables à ceux qui les subissent… » (Lagorgette.)

La vérité, tout sophisme écarté, c’est que la guerre n’est grosse que de la guerre, et ainsi indéfiniment.

On dit quelquefois que la guerre ou l’attente de la guerre et la préoccupation de la guerre qui peut survenir est quelque chose comme un tonique nécessaire ou très salutaire, que les peuples qui vivent en paix et sûrs de la paix s’amollissent et s’énervent, deviennent « ces peuples flasques » dont parle le président Roosevelt. Mais pour qui donc la disparition des guerres amènerait-elle l’oisiveté et la mollesse ? » Par définition, pour ceux dont la guerre est l’occupation, pour les peuples belliqueux, et c’est ainsi qu’Aristote a dit : « La constitution de Lycurgue ne se rapporte qu’à une partie de la vertu, à savoir à la valeur militaire ; et les