Page:Faguet - Le Pacifisme.djvu/103

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de lui on représente les Français comme des bandits n’attendant que la première occasion pour débarquer sans déclaration de guerre. Depuis 1871 jusqu’en 1880, le gouvernement allemand ne cesse d’augmenter ses forces militaires en signalant sans relâche à son parlement l’ennemi héréditaire et son désir de revanche ; et depuis 1880 jusqu’en 1908, malgré le développement admirable que prennent en France le pacifisme et l’antipatriotisme, il continue de signaler l’ennemi héréditaire comme si de rien n’était. En chaque pays les écrivains se font l’écho de la médisance internationale : tout le mal provient toujours du voisin ; l’Allemand craint le coq gaulois ou fait semblant de le craindre ; le Russe ne se sent point en sécurité du côté de l’Allemand, et ainsi de suite. « Croirait-on, dit très bien Nocicow, que Spencer lui-même, homme avisé, se laisse surprendre par le sophisme et écrit bien niaisement : « L’Angleterre doit soigner ses dents et ses griffes tant que la France et l’Allemagne, militaristes, les soigneront. » Dans tout cela ou il y a tromperie bien méditée de chaque gouvernement, très persuadé qu’il sera aidé dans sa fourberie par celle des autres gouvernements, ce qui fait que, sans entente, il y a concert, chose qui est comme si elle était concertée, — ou bien il y a