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tous les points de vue, au point de vue des mœurs, au point de vue des manières, au point de vue des jouissances, au point de vue du développement et de l’extension de l’être, au point de vue même de la situation devant la loi et de l’admissibilité aux emplois. Ce qu’il nous faut donc, c’est l’égalité réelle et non pas l’ombre de l’égalité. — Et nous sommes modérés. Par égalité réelle nous n’entendons même pas, comme Babeuf, qu’il faille faire en sorte que les hommes n’aient pas plus de talents les uns que les autres, ou qu’il faille faire comme s’ils n’en avaient pas plus les uns que les autres ; non ; nous prenons le texte de la Déclaration des Droits en sa teneur même, et, parce que « les hommes sont égaux par la nature », nous voulons qu’ils soient égaux dans la société dans la mesure même où la nature les fait égaux. Elle en fait de forts et de faibles, d’intelligents et de bornés ; nous acceptons ces inégalités-là. Mais elle n’en fait pas de riches et de pauvres. Si l’égalité est un « droit naturel » et si « les hommes sont égaux par la nature », il est évident qu’il ne faut ni pauvres ni riches. Le texte en main de la Déclaration des Droits de l’homme de 1793, nous réclamons la suppression de la richesse, de l’héritage et du partage inégal des biens. Le partagisme ou le collectivisme est inscrit aux articles II et III de la Déclaration des Droits de l’homme. »

Rien n’est plus exact. Ce qu’il en faut conclure,