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peut exercer, s’il le faut, le pouvoir absolu, et le législateur peut, quoique très fidèle aux Droits de l’homme, lui accorder le pouvoir absolu.

Et voyez comme dans les pays raisonnables et qui s’y connaissent en liberté, ces principes sont littéralement suivis. En Angleterre le service militaire n’existe pas. Je dis qu’il n’existe pas, puisqu’il est volontaire, puisque qui veut n’être pas soldat n’est pas soldat. Cela se comprend très bien chez un peuple d’une part très amoureux de liberté individuelle, d’autre part qui n’est, de par sa situation géographique, menacé d’aucune invasion. Mais ce même peuple a besoin d’une marine militaire énorme. Et il trouve naturel qu’on ait recours à la presse, c’est-à-dire à l’enrôlement forcé des matelots de la marine de guerre. Liberté individuelle absolue jusqu’à concurrence des nécessités de la défense nationale. Devant ces nécessités, point de liberté individuelle du tout. Ce peuple-là est dans les vrais principes. Il est dans la vérité et dans le bon sens.

En résumé, la liberté individuelle est, de toutes les libertés, celle qui existait le moins sous l’ancien régime. Pour en atténuer et en exténuer la garantie, la monarchie s’était attribué une partie du pouvoir judiciaire par son droit de haute police arbitraire et par ses lettres de cachet. C’est pour cela que les révolutionnaires ont tant insisté dans leurs déclarations pour la liberté individuelle