Non seulement, donc, il peut faire tout ce qu’il veut, mais il doit faire tout et penser tout, puisque ce qui serait fait ou pensé en dehors de lui ne serait qu’une ombre d’action, une apparence de pensée, quelque chose comme un spectre ou d’action ou de pensée.
Cette politique éminemment ecclésiastique, qui séduit fort des hommes qui se croient libres penseurs, est un peu trop métaphysique pour moi. A supposer que je sois une fourmi ou une abeille, ce qui déjà ne m’est pas prouvé, et que la société humaine soit une société animale, je regarde les fourmis et les abeilles et ne trouve point du tout que chez elles, même, il n’y ait qu’une âme, celle de la fourmilière ou de la ruche. Il y a un ordre de travail et de défense. La fourmilière n’a qu’une âme en ce sens qu’elle n’a qu’une intention : remplir les greniers, alimenter les jeunes, maintenir et augmenter la cité. Elle n’a qu’une âme au jour du danger, l’intention de repousser l’ennemi. Mais en dehors de cela, en dehors du plan général de travail et de défense, fourmi ou abeille est essentiellement individualiste, travaille à son gré et selon son invention, va à la découverte, s’écarte pour découvrir et inventer, s’associe, très librement, ce semble, avec d’autres individus pour soulever un fardeau trop lourd pour une seule, etc.
Calquez une société humaine sur une fourmilière, je le veux très bien ; vous arriverez précisé-