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il pèse sur lui ; il lui demande de l’argent que l’individu n’aurait aucune idée de donner, ni même de gagner ; il impose à un citoyen très pacifique l’obligation de faire le métier des armes. Tout cela est très douloureux. L’Etat est un mal nécessaire, respectable et à qui nous devons de la reconnaissance ; il n’est pas un bien en soi. Il est un mal, comme une cuirasse ou une épée. Les armes sont quelque chose qui est destiné à faire du mal à celui qui en recevra les coups, mais qui commence par en faire à celui qui les porte.

Si l’Etat savait se dire ces choses, il considérerait ceci que quand on est un mal on doit s’appliquer logiquement à être le moins possible.

Je sais bien qu’il fait un raisonnement inverse. Il se dit qu’étant très gênant par beaucoup de ses exercices, il est beau à lui de compenser cette malfaisance en étant, d’autre part, bienfaisant, magnifique, somptueux et paternel, en versant sur les citoyens les bienfaits, les soins, les attentions et les munificences. Seulement, il devrait se dire qu’on peut se tromper, qu’il peut se tromper, qu’il y a beaucoup de chances pour qu’il se trompe, que les œuvres de nécessité sont très précisément désignées et définies par leur nécessité même, et que les œuvres de bienfait sont très sujettes à être entreprises tout de travers et à contresens de l’objet qu’elles poursuivent.

Surtout les œuvres de bienfait général et com-