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çais les prédisposent assez bien depuis quatre siècles à l’étatisme. J’ai dit, avec M. Brunetière, avec Taine, avec Montesquieu, que le Christianisme était le fondement même, le premier fondement des Droits de l’homme, et je tiens cela pour une des vérités les plus incontestables qui soient. Mais il est juste d’ajouter que le christianisme a un peu changé depuis ses origines. Les Français sont catholiques ou protestants. Les catholiques plus ou moins persécutés, molestés, tracassés ou inquiétés depuis une centaine d’années, sont devenus assez libéraux ou ont quelques tendances libérales, comme tous ceux qui ne sont pas au pouvoir ; mais ils n’en sont pas moins les fils d’hommes à qui leur Eglise avait enseigné et prescrit l’obéissance sous toutes les formes et de tous les côtés, l’obéissance spirituelle du côté de Rome ou tout au moins du côté de leur évêque, l’obéissance matérielle du côté de Versailles. Quelques sympathies qu’on puisse avoir pour les catholiques, surtout en ce temps-ci, on ne peut pas considérer l’Eglise catholique comme une école de libéralisme, ni confondre absolument le Syllabus avec la Déclaration des Droits de l’homme.

Or les Français ont été dressés pendant plusieurs siècles par l’esprit de la Politique tirée de l’Ecriture sainte et par l’esprit du Syllabus. Il est difficile qu’il ne leur en reste pas quelque chose.

Les protestants, ayant été persécutés pen-