Page:Faguet - Le Libéralisme.djvu/352

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sion populaire et cette idée que tout le territoire français appartient à tous les Français ; et en un mot, la théorie du bon plaisir royal est devenue la théorie du bon plaisir populaire. Il est impossible d’être républicains d’une manière plus parfaitement monarchique. — Entre temps nous avons rédigé les Déclarations des Droits de l’homme ; mais je doute que les Déclarations des Droits de l’homme aient jamais été prises fort au sérieux, et en tous cas soient jamais descendues trop profondément dans les esprits.

Monarchistes restés foncièrement monarchistes, nous faisons de la république monarchique ; c’est-à-dire que nous nommons un gouvernement, et voilà qui est républicain ; mais ce gouvernement nommé, nous croyons facilement, ou nous aimons à croire, ou nous nous résignons à croire qu’il a tous les droits de Louis XIV ou de Pierre le Grand, et voilà qui n’est plus du tout républicain ; mais vous voyez bien les raisons pourquoi c’est très français.

Songez encore que nous sommes depuis trois siècles un pays très centralisé, qu’infiniment de choses qui pourraient être faites privément sont faites en France par l’État, par les fonctionnaires de l’État, qu’il y a en France plus de fonctionnaires qu’en aucun pays du monde, que par conséquent l’État, par sa seule organisation, a une extraordinaire importance, influence, puissance en