sur lui leur empreinte, et que, longtemps après la disparition de la domination romaine, les légistes, d’esprit tout romain, de tradition toute romaine, ont donné à ce peuple le tour d’esprit qu’il n’est pas bien étonnant qu’il ait gardé. L’empire romain, l’impérialisme romain, l’étatisme romain est au fond de tout le droit romain, dont la législation française est sortie. Ne remarquez-vous point que, si l’on peut faire quelque distinction au point de vue du libéralisme et de l’étatisme entre Français et Français, le Français du Midi est plus étatiste que le Français du Nord ? Le radicalisme est surtout une fleur du Midi. Le Nord est la patrie des droits de l’homme, le Midi est la patrie des droits de l’Etat. Il se peut que ce soit parce que le Midi a été plus pénétré de Latins et d’esprit latin que le Nord et parce qu’il a été pendant des siècles pays de droit romain, pendant que le reste était pays de droit coutumier. Il faut certainement tenir compte dans une certaine mesure, sinon de la race, car, après tout, nous sommes bien peu Latins de race, du moins de l’influence si longtemps prolongée chez nous, du peuple qui a fait de nous un peuple.
Il faut songer ensuite que nous sommes monarchistes. Nous le sommes profondément, parce que nous l’avons été pendant huit cents ans. Cela ne se dépouille pas en quelques années. Nous sommes monarchistes. Nous n’avons pas de plus grand plaisir, après le théâtre peut-être, que de voir un roi.