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a pas plus de libéralisme dans l’esprit d’un radical que dans l’esprit d’un socialiste.


Le parti républicain progressiste a des velléités libérales, d’abord parce qu’il n’est pas au pouvoir, ensuite parce que, réellement, il a, à l’égard de la liberté et des droits de l’homme, quelque tendresse, quelque souci, quelque inquiétude ou quelques remords. C’est un parti très honnête. Malheureusement il est la mollesse même, la faiblesse même, la timidité même et la pusillanimité même, ce qui fait qu’il est la nullité même.

Cela tient à ce qu’il est conservateur et que son vrai fond est le conservatisme. Or le conservateur français est un être singulier. Il n’est pas conservateur de certains principes généraux qu’il croit justes, de certaines traditions générales qu’il croit bonnes. Point du tout. Il est conservateur de ce qui existe, le jugeât-il détestable. « Cela existe, il ne faut le détruire. Cela est acquis. Il ne faut pas revenir sur cela. » Il en résulte que tout pas en avant que le radicalisme fait dans le sens du radicalisme, les progressistes s’y opposent d’abord et s’y résignent ensuite. Ils s’y opposent d’abord vivement et s’y résignent ensuite mélancoliquement, mais sans retour. Toutes les conquêtes radicales ont été combattues par les progressistes et respectées et conservées par les progressistes. « Cela est acquis. Il ne faut pas revenir sur cela. »