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par un écrivain, vous le fassiez condamner, et non pas par le jury, mais par vos juges à vous, pour délit de provocation à la révolte, à l’attroupement ou à autre chose ? L’écrivain français peut donc provoquer impunément chez moi ce qu’il ne peut pas provoquer impunément chez vous ? » J’ai dit qu’il n’y avait rien de gênant pour le gouvernement lui-même, surtout pour le gouvernement, comme l’oppression qu’il exerce.

La liberté d’association, implicitement reconnue par les Déclarations des Droits de l’homme, n’existe pas en France. Elle existe, avec quelques précautions prises contre elle, pour les groupements laïques ; elle n’existe pas pour les groupements ecclésiastiques, qui ne peuvent se former qu’avec l’autorisation et l’agrément du gouvernement et des Chambres. Autrement dit, les laïques se groupent librement, les ecclésiastiques se grouperont dans la mesure où le permettra une majorité politique qui les déteste.

Je ne comprends pas cette distinction faite entre un citoyen français et un autre. La loi qui organise les choses ainsi est une loi qui n’a pas le caractère de la loi. C’est une loi personnelle, c’est une loi contre les personnes, c’est une loi contre des personnes, comme si l’on faisait une loi contre vous, Monsieur Durand, parce que vous êtes M. Durand, ou contre vous, Monsieur Dupont, parce que vous êtes M. Dupont. La loi ne doit