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se déploie dans toute l’ampleur qu’il peut avoir et atteindre.

Ce citoyen-là est la cellule vivante et vivace de l’État. Ne craignez donc rien : de son activité et des résultats de son activité il reviendra toujours quelque chose et beaucoup à l’État. Qu’il y ait quelques millions de ces citoyens-là dans un État, cet État sera le plus éclatant, le plus influent, le plus riche enfin de tous les États du monde.

Or cette activité de l’individu ne peut entrer en acte, ne peut s’exercer que dans la liberté, qu’avec toutes les libertés, qu’avec tous les droits de l’homme.

C’est ce qu’exprime admirablement M. Léon Bourgeois dans un passage justement célèbre de son livre très judicieux, la Solidarité. Il écrit : « Dans l’histoire des sociétés comme dans celle des espèces, la lutte pour le développement individuel est la condition première de tout progrès. Le libre exercice des facultés personnelles peut donner seul le mouvement initial ; enfin plus s’accroît cette liberté de chacun des individus, plus l’activité sociale en peut et doit être accrue à son tour. »

C’est la même idée qui inspirait au même homme d’État ces belles paroles dans son discours présidentiel du 10 juin 1902 : « La nation ne voit pas seulement dans la République la forme d’une constitution politique ; elle en attend des réalités bienfaisantes ; elle en veut faire l’instrument des