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lementaire. — En effet, vous mettrez toujours la souveraineté là où vous instituerez une puissance qui n’aura pas à rendre raison de ses actes. Des hommes sont nommés pour faire la loi et pour cela seul. Oui ; mais pendant quatre ans ils font la loi qu’ils veulent et, s’ils n’ont pas souci de la liberté, ils la font à leur profit et tyrannique. Personne ne peut les en empêcher, personne, si ce n’est un pouvoir judiciaire indépendant et gardien de la constitution intangible. Supposons que ce pouvoir n’existe pas ; personne ne peut les empêcher de faire une loi tyrannique.

De plus, loin d’être limités et arrêtés par le pouvoir exécutif, ils l’absorberont. Comme ils font toutes les lois, y compris la loi de finances, ils tiendront le pouvoir exécutif par la bourse et lui feront faire exactement tout ce qu’ils voudront. — Ils en viendront même très vite à le nommer, ce qui est concentrer en eux toute la souveraineté possible. Ils le nommeront, soit en exigeant des ministres responsables devant eux qu’ils casseront d’un geste et d’un signe, soit en s’attribuant la nomination du chef de l’Etat et par conséquent en supprimant le chef de l’Etat, en en faisant un simple président des cérémonies officielles ; soit encore en accumulant et en combinant ces deux procédés de domination.

Si, avec cela, comme je l’ai déjà supposé, ils donnent au pouvoir exécutif, qu’ils ont déjà absorbé, la nomination des magistrats, ils auront concentré