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pourquoi il pousse, comme nous l’avons vu, ses prétentions plus loin même que la monarchie dite absolue, et établit ou est en train d’établir un despotisme plus complet que celui de la monarchie dite absolue.

De tous les ennemis de la liberté, et l’on voit qu’ils sont assez nombreux, l’idée d’égalité et l’idée de souveraineté nationale sont les plus formidables. Il en est un encore, cependant, très insidieux, parce qu’il a au premier abord toutes les apparences et comme l’habit du libéralisme, que nous avons encore à examiner.


§ VI. — LE PARLEMENTARISME

Le parlementarisme peut être un instrument de liberté. Il a même été inventé pour cela. Il consiste essentiellement à supprimer la souveraineté en la divisant.

D’une part il divise la puissance en trois pouvoirs, législatif, exécutif, judiciaire, qui doivent être indépendants les uns des autres, c’est-à-dire dont aucun n’a le droit de commander à l’un des deux autres; d’autre part il divise ou répartit le pouvoir législatif lui-même, comme étant le plus redoutable à la liberté, en le faisant exercer, non par le peuple lui-même, mais par des délégués du peuple, eux-mêmes partagés en deux chambres, dont l’une est aussi puissante que l’autre et qui encore ne produisent à elles deux une loi