Page:Faguet - Le Libéralisme.djvu/279

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

raineté du peuple exactement ce qui s’est passé pour l’égalité, parce que l’égalité et la souveraineté du peuple ont ce même caractère qu’on ne leur fait pas leur part. Mettre l’égalité dans une Déclaration des droits, c’est, comme je l’ai dit, « ouvrir la porte » ; c’est habituer les esprits à une idée qui est négatrice et destructrice de toutes les libertés possibles, et si cette idée prend toute son extension, c’est avoir mis dans une déclaration des droits ce qui doit les détruire. Tout de même, mettre la souveraineté du peuple dans une déclaration des droits, quelques précautions qu’on prenne, quelque interprétation qu’on en fournisse et quelque destination qu’on lui attribue, c’est ouvrir la porte bien plus grande encore ; et si cette idée prend l’extension qu’il est tout naturel qu’elle prenne, c’est avoir mis dans une déclaration des droits ce qui doit les absorber en n’en faisant qu’une bouchée.

Une déclaration des droits ne devrait pas contenir un mot sur l’égalité, qui n’est pas un droit de l’homme, qui est un système d’organisation sociale, qui est peut-être un bien national, mais qui n’est pas un droit de l’homme. Et aussi une déclaration des droits devrait commencer par ces mots : « Il n’y a pas de souveraineté. Il y a un gouvernement qui gouverne dans la sphère naturelle et rationnelle où il doit gouverner ; mais il n’y a pas de souveraineté. Car s’il y en avait une, de roi, de classe ou de tout le monde, cela voudrait dire qu’il