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vidu et même les niant a priori, l’article ne pouvait pas être très clair ; mais l’intention en est bien d’affirmer à la fois la souveraineté nationale et les droits de l’homme et de montrer celle-là comme une garantie de ceux-ci. Article XXIII : « La garantie sociale consiste dans l’action de tous pour assurer à chacun la jouissance et la conservation de ses droits ; cette garantie repose sur la souveraineté nationale. » — Vous voyez assez le sophisme, qui n’est peut-être, qui n’est certainement qu’une naïveté. L’article veut très évidemment dire ceci : « : L’homme, l’individu, a des droits ; nous sommes en train de les énumérer. Ces droits, un monarque absolu a toutes les raisons et toutes les impatiences du monde de les violer, et il les viole toujours ; une aristocratie tout de même. Seul tout le monde, seul le peuple entier a intérêt et a goût à ne pas violer les droits de l’individu. Nous proclamons la souveraineté nationale pour garantir les droits de l’homme, pour garantir et défendre les droits de l’individu. »

C’était bien un peu mettre un souverain au service de quelqu’un, proclamer un roi en lui recommandant d’être un serviteur ; cela n’avait pas tout à fait le sens commun. Mais c’est de l’intention que nous nous occupons en ce moment ; elle est incontestablement de maintenir avec énergie les droits de l’individu en face de la souveraineté nationale, jusque-là qu’on veut que la souveraineté