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moins. Un « réactionnaire » me disait en plaisantant, mais en plaisantant avec amertume : « Ce que je souhaite ? Mais, je ne sais pas trop… l’annexion à la Belgique. » Que voulez-vous ? Il y a du vrai, ou, si vous voulez, il y a du logique. On tient à son pays ; mais si l’on trouve dans son pays des gênes et des vexations sans la moindre utilité ni compensation, des gênes et des vexations qui ne profitent point au pays, mais seulement à un parti vainqueur qui agit comme en pays conquis, on arrive assez naturellement à souhaiter d’être d’un autre, où l’on ne vous demanderait que les sacrifices nécessaires ou utiles au maintien de l’État.

Il faut donc respecter les minorités, considérer qu’elles n’ont pas le droit de commander, mais qu’elles ont droit à la vie, qu’elles ont le droit d’être et qu’elles sont quelque chose dont on a le devoir de tenir compte.

Le moyen, il est bien simple ; c’est de revenir aux principes et de croire que l’État n’étant institué que pour la police et pour la défense, toutes les lois qu’il édicté et toutes les mesures qu’il prend en dehors de ces deux offices, ne sont, au fond, que des démarches et des actes de parti, de parti devenu État et se conduisant, devenu État, comme s’il était resté un parti ; ne sont que des démarches et des actes destinés à molester un adversaire ; et que, par conséquent, ces démarches et ces actes, il n’y a qu’à ne pas les faire ; ces mesures il n’y a