« Vous avez six noms chacun à mettre sur votre bulletin. Si les bleus mettent six noms bleus et les gris six noms gris, le résultat sera : élus six bleus. Mais si l’on vous accorde le droit de mettre deux fois, trois fois, autant de fois que vous voudrez, Jusqu’à six fois, le même nom sur votre bulletin, en vous entendant, vous pouvez arriver à accumuler les suffrages sur deux candidats gris et à leur faire autant de voix qu’en auront les quatre plus favorisés de la liste bleue. Et vos deux candidats passeront. Et il y aura quatre députés bleus et deux députés gris dans ce département, ce qui est proportionnel, ce qui donne une représentation exacte. »
C’est le moins compliqué des procédés proposés. Je ne le condamne point ; il est équitable. Cependant il a, fatalement, les inconvénients du scrutin de liste. Il supprime la circonscription uninominale où l’on vote pour quelqu’un que l’on connaît bien ; il force à s’entendre d’un bout d’un département à l’autre, ce qui veut dire en bon français qu’il remet le soin de faire l’élection à un comité du chef-lieu, aux meneurs urbains, et qu’il donne l’influence à la ville au détriment de la campagne. Je crois que c’est Lamartine qui a dit : « le scrutin de liste c’est l’intrigue. » Il y a du vrai.
Ce procédé renforce même les défauts du scrutin de liste ; car il force à s’entendre bien davantage qu’avec le scrutin de liste proprement dit. Il force à