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lui imposerait des obligations particulières en dehors de son service et qui le révoquerait parce qu’il ne les remplirait pas sortirait absolument de son droit. Logiquement ce qu’il faudrait pour révoquer un fonctionnaire qui n’est ni de l’administration du ministre de l’intérieur, ni de celle du ministre de la guerre, ni de celle du ministre des affaires étrangères, ce serait un plébiscite. Pratiquement, aucun fonctionnaire de ce genre ne devrait être révoqué que sur jugement, soit de la magistrature proprement dite, soit d’une magistrature particulière à son corps, constatant que c’est pour fautes professionnelles qu’il est révoqué.

Est-ce à dire que le fonctionnaire du pays non agent du gouvernement, n’ait pas plus de devoirs envers le gouvernement qu’un autre citoyen et doive jouir d’une liberté aussi large qu’un autre citoyen ? Ce serait une erreur assez grave. D’abord les libertés se limitent non seulement les unes par les autres, mais encore par les cas où l’exercice de la liberté deviendrait purement et simplement une pure et simple anarchie.

Par exemple, il est loisible à un simple citoyen d’être Tolstoïste et de penser et de dire et d’écrire qu’il faut abolir la justice, les armées et les patries. Mais je suppose qu’un juge dise et écrive que la justice est une impiété et les juges des bandits. Il aura beau protester qu’il ne dit et n’écrit cela qu’en dehors du palais et que là la manifestation de ses