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sont des fonctionnaires de la nation et non des agents du gouvernement. Ils sont chargés d’un service public, non au service du gouvernement. Ils sont les hommes de l’Etat et non du pouvoir, à preuve que ce n’est pas son pouvoir que l’Etat exerce par eux, mais des services pour le bien général qu’il leur demande. Le gouvernement n’est ici qu’un intermédiaire entre la nation et eux, qui sont les serviteurs de la nation et non de lui. Il les nomme, au nom du pays, et le pays les paye par les mains du gouvernement ; et voilà tout. Il serait étrange, aux yeux mêmes du bon sens vulgaire, que le gouvernement demandât à un prêtre un dévouement personnel à l’égard du préfet du département. Pourquoi ? Parce que l’on sent bien que les fonctions du prêtre, si fonctionnaire que le gouvernement entende qu’il soit, ne sont pas du tout de la même nature que celles du commissaire central. Qu’est-ce à dire ? que M. le Commissaire central est un fonctionnaire du gouvernement et M. le Curé un fonctionnaire de la nation.

Il faut donc très précisément distinguer ces deux catégories. Il y a les agents du gouvernement, préfets, sous-préfets, hommes de police, officiers, soldats, diplomates. Ceux-ci doivent obéir sans discuter, ne donner leur avis que quand on le leur demande, et n’ont aucun droit à critiquer les actes ni même les doctrines du gouvernement.

Il y a les fonctionnaires de l’Etat ou de la nation