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beaucoup à dire ; mais en pratique vous savez bien que ce n’est pas vrai du tout ; que c’est vrai pendant quelque temps, peut-être, que cela cesse d’être vrai sitôt que le gouvernement se dégrade et se corrompt, et un gouvernement a tôt fait de se dégrader et de se corrompre. Un gouvernement n’est pas neutre entre les partis, puisqu’il est un parti ; il ne plane pas au-dessus des partis, puisqu’il est un parti, et par conséquent, forcément, dès qu’il se sent menacé, et un gouvernement se sent toujours menacé, il veut que son corps enseignant lui soit une armée, enseigne surtout le dévouement au gouvernement et les idées du gouvernement et les passions du gouvernement. Il veut, non seulement que son corps enseignant soit d’un parti, mais qu’il soit l’état-major même du parti du gouvernement, et il dit avec la douce candeur qui lui est habituelle : « S’il ne me sert pas, à quoi sert-il ? » Ce qui se passe au moment où j’écris en est une preuve suffisante.

Si le gouvernement ne veut d’enseignement que donné par ses professeurs, ce n’est pas sans doute pour mettre dans son corps enseignant la liberté d’enseignement qu’il proscrit ailleurs ; c’est pour, débarrassé d’une concurrence gênante ou d’une contradiction désagréable, faire prêcher par ses professeurs, qui seront forcés de rester chez lui, l’amour du gouvernement despotique et le mépris des droits de l’homme. L’enseignement sera donc tou-