Page:Faguet - Le Libéralisme.djvu/178

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans les âmes, la liberté doit reconnaître à tous les citoyens non seulement le droit de régler souverainement leur foi intérieure ; mais encore et surtout de mettre leur croyance en commun, de fonder une famille spirituelle avec quiconque partagera ou viendra plus tard partager la même conviction ; de faire appel, aujourd’hui, demain, du haut de leur idée, à l’humanité tout entière, de donner ouvertement par la parole leur vérité en communion au dernier passant ; car la plus sainte ambition de l’homme, sa plus grande gloire sous le soleil, c’est d’agir sur l’homme pour l’édifier, pour l’améliorer, le régénérer, l’élever en piété et en connaissance. » — Il a dit encore, répondant d’avance à ceux qui n’admettent pas la liberté de l’erreur : « Il ne saurait y avoir de liberté du vrai où il n’y a pas la liberté du faux ; car c’est précisément cette alternative qui constitue l’essence de la liberté. La vérité n’existe qu’à la condition de l’erreur, comme la vertu qu’à la condition du vice, et la Providence a créé l’homme libre précisément pour faire son choix entre l’un et l’autre et pour avoir le mérite de sa préférence. »

Il disait encore, répondant d’avance à ceux qui assurent que du moment qu’une loi est votée elle est sacrée et qu’on ne peut parler de tyrannie quand on parle de la loi : « La loi a-t-elle tout dit quand elle a dit : je suis la loi ? Personnifie-t-elle par cela même la justice ? N’a-t-elle pas encore