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fesseur, non seulement laisse les citoyens absolument libres, mais ne les engage même pas, ne les incite même pas, par une prime, soit d’économie, soit de faveurs, soit d’approbation et de protection gouvernementale, à mettre leurs enfants dans les établissements d’Etat, puisqu’il n’y en a pas.

La troisième, encore libérale, du reste, puisqu’elle reconnaît le droit et le laisse debout, use d’un singulier procédé. Elle permet aux pères de famille de confier leurs enfants à d’autres qu’à l’Etat ; mais sur ceux qui agiront ainsi, elle met un impôt. En effet, comme citoyens, comme contribuables, les pères de famille paieront les professeurs de l’Etat, et de plus, comme pères de famille, confiant leurs enfants à M. X…, ils paieront M. X… Ils paieront deux fois. C’est comme si de Paris à Bordeaux il y avait deux chemins de fer, l’un par Chartres, l’autre par Orléans, exploités par deux compagnies différentes, et que j’eusse le droit de me rendre à Bordeaux par Orléans, mais à la condition de payer ma place à la Compagnie d’Orléans et aussi à la Compagnie de Chartres. Dans ce cas la Compagnie de Chartres ne ferait pas autre chose que lever sur moi un impôt, sans aucune espèce de droit ni de raison. Plus qu’un impôt ; car un impôt n’est pas autre chose qu’une rémunération donnée à l’Etat pour un service qu’il rend ; et dans le cas susdit la Compagnie de Chartres ne m’en rendrait aucun. Ce qu’elle lève-