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d’enseigner parce qu’il n’avait pas la liberté de prêcher, parce qu’il n’avait pas la liberté d’être. Il est évident que là où la liberté religieuse n’existe pas, la liberté d’enseignement ne peut pas être complète, et c’est bien précisément pour cela qu’il faut que liberté d’enseignement et liberté religieuse soient absolues. Mais, en soi, la liberté d’enseignement sous l’ancien régime était pleinement reconnue ; l’enseignement n’était pas une chose d’Etat ; et de fait l’enseignement était donné de la façon la plus libre, la plus variée, la plus autonome, presque de la façon la plus individuelle qu’il soit possible. On peut supposer que les Révolutionnaires ont simplement négligé d’inscrire dans leurs déclarations un droit qui n’était pas en question.

Mais surtout, comme je l’ai dit tout de suite, les Révolutionnaires ont été partagés sur cette affaire. Lesuns, Robespierre, Saint-Just, Lepeletier de Saint-Fargeau, et d’autres plus obscurs, étaient des élèves de Jean-Jacques Rousseau, c’est-à-dire purs despotistes, et despotistes surtout dans les choses de conscience, dans les choses d’âme et d’esprit, dans les choses, par conséquent, de religion et d’enseignement, ce qui est la façon la plus ecclésiastique, c’est-à-dire la plus effroyable, d’être despotiste. C’étaient des papes, c’étaient des Calvin, ce qui est exactement la même chose.

Aussi Lepeletier de Saint-Fargeau rédigea et Robespierre présenta à la Convention un projet de