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pauvres, venant à leur secours pour rémunérer leurs pasteurs et entretenir leurs temples, etc. Or ceci, c’est une association, une congrégation au premier chef. Une Eglise, qu’elle soit celle de saint Paul, de Calvin ou d’Auguste Comte, ne peut qu’exister ainsi, ou être payée par l’Etat, ou n’exister point. Vous voulez qu’elle n’existe point. Bien ; vous êtes des absolutistes antireligieux. Ne la payez point et interdisez les congrégations. Vous êtes logiques. Je n’ai rien à vous dire, si ce n’est qu’il ne faut pas parler en même temps de « formule libérale décisive ». Vous voulez qu’elle soit payée par l’Etat. Soit ; vous êtes étatistes. Vous voulez domestiquer l’Eglise en la payant, vous êtes dans la doctrine de Voltaire et de Napoléon Ier ; vous êtes logiques. Seulement dans ce cas on a un salarié qui ne veut jamais être un serviteur, et à côté de lui il se forme une autre Eglise qui est rivale de la vôtre et votre ennemie à vous, et vous êtes mal servi d’un côté, attaqué de l’autre, souvent même des deux, et tout cela fait bien des difficultés et des embarras.

Enfin il y a un troisième parti, qui est de ne pas vous occuper de ces gens-là, parce que ce n’est pas votre affaire, et que quand vous en faites votre affaire vous vous y entendez fort mal ; qui est de ne vous en occuper qu’au point de vue de la police et du bon ordre matériel. Dans ce cas-là une Eglise sera nécessairement une congrégation. Une Eglise