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ciations en apparence frivoles et vaines, associations pour le plaisir, pour la conversation, pour les récréations littéraires ou musicales, malgré leur inanité, sont utiles encore en ce sens qu’elles valent mieux que l’isolement. Quant aux associations sérieuses, pour la science, pour l’industrie, pour l’agriculture, pour le commerce, pour la propagation d’une doctrine, d’une philosophie, d’une religion, elles sont la forme normale elle-même de l’activité humaine, et c’est avec grande raison que M. Durkheim a dit que « toute nation où l’esprit d’association s’éteindra est condamnée à périr dans un bref délai ».

L’Etat, certes, est une association ; mais, dans les temps modernes, avec des nations de quarante, de cinquante, de quatre-vingts millions d’hommes, l’Etat est une association qui associe de trop loin les hommes, un réseau qui les enserre de trop loin et de trop haut pour les soutenir. Ajoutez qu’il n’est pas une association choisie par les associés, que par conséquent les associés ne se livrent pas à lui, à ses intérêts et à son développement et à sa gloire de la même ardeur qu’ils se consacrent à une association choisie par eux, créée par eux. Entre l’Etat et l’individu il faut des associations à la fois plus proches de l’associé et qui soient directement son œuvre pour l’enserrer étroitement et obtenir de lui, avec plaisir de sa part, le maximum d’effort libre et d’activité.