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miens. Vouloir non seulement que je paye les vôtres, mais encore que je ne paye pas les miens, c’est fantastique d’absurdité d’abord et de despotisme ensuite.

Laissez-moi donc, à moins de déclarer que vous vous appelez Grégoire VII, créer l’Eglise que je veux créer, ce qui ne se peut qu’avec pleine et entière liberté d’association.

Ainsi de suite.

Ici l’objection, l’éternelle et éternellement ridicule objection : « Une association permanente, c’est un État dans l’État. » Certainement une association qui aurait une armée et des forteresses sous le nom de places de sûreté serait un état dans l’État. Mais une association désarmée et pacifique n’est pas un État ; elle est une agrégation d’âmes, elle est une fédération de volontés dans un dessein commun, que l’État n’a aucun droit honnête ni aucune raison d’interdire ni de craindre tant qu’elle ne s’occupe ni de police, ni de justice, ni de guerre offensive ou défensive. C’est une fédération de volontés très légitime et aussi très utile, toujours utile à la nation.

Je dis toujours utile. Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Seul il fait peu de chose, d’abord, et quasi rien. Seul, aussi, il glisse vers l’égoïsme et, soit le découragement, soit l’entêtement orgueilleux et sot qui sont les suites ordinaires, en sens inverse, de l’égoïsme. Aussi même les asso-