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je crois même qu’ils se sont bien gardés de faire un droit de l’homme.

J’estime que c’en est un ; c’est-à-dire que je crois que l’Etat empiète, dépasse ses fonctions naturelles quand il refuse ce droit aux individus et quand il veut qu’il n’y ait dans la nation d’autre association que lui-même.

Car, d’abord, l’Association n’est qu’une extension légitime et naturelle de la Réunion. Vous me permettez de me « réunir paisiblement » pour m’occuper d’affaires qui me sont communes avec d’autres citoyens. Me permettrez-vous de me « réunir paisiblement » demain avec les mêmes concitoyens pour la continuation des mêmes affaires ? Oui ? Mais voilà une association. Non ? De quel droit, ou pourquoi ? Ce qui est légitime une fois, ne le serait-il pas deux, trois et quatre ? C’est bien singulier. Pourquoi un citoyen serait-il comme forclos, serait-il comme emmuré dans son individualité ?

Encore une fois et toujours, pourquoi êtes-vous fait ? Pour assurer l’ordre à l’intérieur et la sécurité à l’extérieur. Donc si je m’associais à d’autres citoyens pour attaquer la nation ou même pour la défendre, je m’occuperais de vos affaires, je m’attribuerais votre fonction ; vous me diriez : « Halte-là ! » avec raison. Si je m’associais avec d’autres citoyens pour faire la police, encore que j’agisse en très bon citoyen, vous pourriez vouloir qu’en