Page:Faguet - Le Libéralisme.djvu/121

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

été prononcée en France depuis trente-deux ans l’a été par le gouvernement du 24 mai 1873. Il a dit qu’il voulait faire régner en France, non seulement l’ordre matériel, mais « l’ordre moral ». Ce n’est pas là du tout la fonction du gouvernement. Quand il la prend (et tous ont une secrète tendance à la prendre), il se fait gouvernement ecclésiastique et théocratique. Il remonte au moyen âge. Il prétend établir, en France ou en Allemagne, le gouvernement pontifical des États de l’Eglise au xive siècle.

Il n’y a, à ces empiétements, qu’une limite qui soit nette et sûre. L’Etat connaît des délits matériels ; il les réprime ; il ne connaît pas des délits moraux ; il n’y a pas de délit d’opinion, ni de délit de parole, ni de délit d’écriture. La liberté de la presse doit être absolue. Il ne doit y avoir aucune loi sur la presse.

— Mais les délits de droit commun commis par la presse : diffamation, calomnie, chantage ?

— Les délits de droit commun commis par la presse seront punis conformément aux lois de droit commun. Il y a dans le code des lois contre la calomnie, contre la diffamation et contre le chantage. Diffamation, calomnie et chantage commis par la voie de la presse seront punis sans qu’on s’occupe de savoir s’ils le sont par la voie de la presse et comme s’ils l’étaient d’une autre façon. Mais de lois sur la presse elle-même, sur le journal,