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bablement à s’assurer une peine générale qui est éternelle. Car il est probable que l’homme est né pour comprendre au moins tout ce dont il a besoin pour vivre. Les animaux savent et comprennent tout ce qu’il faut qu’ils comprennent et sachent pour les nécessités et même pour les agréments de leur vie. Il est donc vraisemblable que l’homme doit chercher tout le vrai susceptible de le rendre heureux. Or il est malheureux, dit-il. Qu’il cherche donc et avec loyauté et avec courage, sans aimer l’erreur, sans avoir confiance en l’erreur, sans la croire utile, sans cette appréhension du vrai qui est une singulière timidité. Cet obstacle à la vie en force est le premier à briser, le premier dont il faut montrer l’inanité, la puérilité, la bassesse et à proprement parler l’ineptie. Il faut avoir au moins le courage d’ouvrir les yeux.

Nietzsche, en tout cas, donne l’exemple. Nul penseur n’est plus loyal et ne va plus que lui, sinon au fond des choses ; du moins à ce qu’il croit le fond des choses, sans s’inquiéter de la peur qu’au fond des choses il y ait du désagréable, du pénible, de l’odieux ou même rien.


Autre obstacle qui s’oppose à ce qu’on arrive d’une part à la vérité, à la connaissance, d’autre part à la vie en force, en liberté et en beauté. Cet