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III

CRITIQUE DES OBSTACLES


Premiers obstacles.


Jusqu’ici Nietzsche, quoique déjà l’idée perce, est encore dans le sentiment. Frappé, comme artiste, de la beauté de la vie grecque telle qu’il l’entend, il est amoureux de beauté et de libre vie, de beauté et de libre force, et il est arrivé à ce sentiment général de l’existence : il faut vivre de toutes ses forces et créer de la beauté vivante, en soi et hors de soi, par l’emploi courageux et héroïque de toutes ses forces. Voilà qui est bien ; mais ici il rencontre, car il voit juste et il voit loin, tous les obstacles qui, dans l’humanité et dans l’histoire de l’humanité, s’opposent à la vie ainsi entendue et ainsi sentie. Et ces obstacles sont nombreux, et il les a tous vus, ce me semble, et il s’est attaché à les ruiner et détruire tous, non pas les uns après les autres, car ce n’est pas sa manière, mais tous, en attaquant selon son humeur tantôt celui-ci, tantôt