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II

PRÉDICATION DE LA FOI


Donc Frédéric Nietzsche va prêchera tout le monde et surtout à lui-même l’amour de la vie, l’amour de la vie intense, l’amour de la beauté, l’amour de la beauté faite de force, et dire éperdument, car c’est sa manière et il est né poète lyrique, poète dionysiaque : « Vers la vie ! Toujours plus de vie ! Mettons toujours plus de vie dans le monde ! Vive Gœthe ! » Nietzsche n’est guère autre chose qu’un Gœthe nerveux et surexcité.

Aussi bien, il croit s’apercevoir que si le monde a un sens, il n’a un sens qu’en beauté, qu’il ne peut être compris que comme manifestation d’un désir de beau, et qu’en dernière analyse il n’y a que les artistes qui comprennent le monde. Car enfin si nous voulons entendre le monde comme manifestation de justice, nous sommes très vite confondus de l’inutilité de notre effort et il est bien certain qu’excepté dans le cerveau humain il n’y a pas un atome de justice dans l’univers. Si nous voulons