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La différence, dit Nietzsche, c’est le romantisme. Certes, oui ; mais le romantisme étant très difficile à définir, d’une part, et, d’autre part, la chose en question étant les dispositions psychiques de ceux qui écoutent, et ceci étant probable que les Grecs eussent écouté Wagner dans un esprit classique et y eussent satisfait leur surabondance de vie et n’y eussent puisé que des inspirations dionysiaques, et n’y ayant rien de plus difficile que de savoir dans quelles dispositions psychiques les Européens écoutaient "Wagner en 1865 et s’ils l’écoutaient dans un esprit classique ou dans un esprit romantique, encore une fois l’erreur de Nietzsche était aisée, si aisée que non seulement il a raison de la présenter comme une demi-erreur, mais qu’encore il est possible qu’elle ne fut pas une erreur du tout.

Quoi qu’il en soit, voilà Nietzsche, après beaucoup d’efforts, beaucoup de souffrances et beaucoup de courage, ce que je dis très sérieusement, absolument détaché du pessimisme, du romantisme et de Wagner, absolument féru des Français des xviie et xviiie siècles et des Grecs du temps de Sophocle, et absolument passionné pour deux choses : la vie intense et la beauté.

Sans aller plus loin pour le moment, demandons-nous ce qu’il a conquis. Ce n’est pas un nouveau