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ment, silencieux, s’affermissant toujours davantage sur son propre chemin… meilleur. Un peu plus tard, Schopenhauer, lui aussi, y assistait… Et qu’est-ce qui séduisit, au fond, les étrangers, qu’est-ce qui fit qu’ils ne se comportèrent point comme Gœthe et Schopenhauer, ou simplement qu’ils ne regardèrent point ailleurs ? C’était cet éclat mat, cette énigmatique lumière de voie lactée qui brillait autour de cette culture. Cela faisait dire aux étrangers : « Voilà quelque chose qui est très, très lointain pour nous ; nous y perdons la vue, l’ouïe, l’entendement, le sens de la jouissance et de l’évaluation ; mais, malgré tout, cela pourrait bien être des astres. Les Allemands auraient-ils trouvé en toute douceur un coin du ciel et s’y seraient-ils installés ? Il faut essayer de s’approcher des Allemands. Et on s’approcha d’eux ; tandis que peu de temps après ces mêmes Allemands commencèrent à se donner de la peine pour se débarrasser de cet éclat de voie lactée ; ils savaient bien qu’ils n’avaient pas été au ciel, mais dans un nuage. »

Et quoi qu’il en soit, romantisme d’agitation ou romantisme de douceur laiteuse, on appelle, comme l’a dit très bien Gœthe, romantisme l’art qui n’est pas très sain, et le romantisme procède toujours d’une faiblesse, qu’elle soit nervosité ou