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pour les causes de la dégénérescence en est les conséquences, et ce que l’on considère comme les remèdes de la dégénérescence n’y est que palliatifs et palliatifs impuissants. La décadence c’est la prédominance de l’espèce basse sur l’espèce noble et de la morale de l’espèce basse sur les instincts de l’espèce noble, et les conséquences de cela c’est « vice, caractère vicieux, maladie, état maladif, crime, criminalité, célibat, stérilité, hystérisme, faiblesse de volonté, alcoolisme, pessimisme, anarchisme ». — Et la médication ce n’est pas remèdes contre vice, maladie, crime, etc. ; c’est préservation de ce qui reste valide et pur dans l’humanité. « Toute la lutte morale contre le vice, le luxe, le crime et même contre la maladie apparaît comme une naïveté et comme quelque chose de superflu. Il n’y a pas là matière à amendement. La décadence elle-même », à la prendre en bloc, « n’est point quelque chose qu’il faille combattre ; elle est absolument nécessaire et propre à chaque époque, à chaque siècle. Ce qu’il faut combattre de toutes ses forces, c’est l’importation de la contagion dans les parties saines de l’organisme. »

Donc ne nous désespérons point en présence de la décadence dont nous sommes les témoins, d’abord parce que cette décadence est un phénomène normal, ensuite parce que, si on ne l’enraye pas.