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affirmation de soi à cause de la plénitude et de la perfection animale… La fête c’est le paganisme par excellence. » Le Christianisme l’avait partie repoussée, partie acceptée, partie subie. L’espèce supérieure, par l’art fera de la vie une fête éternelle ; mais elle pratiquera aussi la fête accidentelle, où la volonté se détend et du reste ne fait qu’affirmer encore le désir d’expansion, d’entrain, de verve puissante dans l’élargissement et la joie.

Ainsi pourra se former une race d’hommes supérieurs dont on ne sait pas, l’hérédité aidant, ce qu’ils pourront devenir. Il faut remonter le courant du plébéianisme, refouler la pambéotie redoutable dont parlait Renan. Il faut revenir à l’antiquité gréco-romaine ; mais par delà cette antiquité même, par les moyens qu’elle a employés d’instinct, mais en les employant d’une façon méthodique et scientifique et avec toutes les ressources que nous offre la science moderne, on peut, et c’est notre devoir même, créer une race supérieure non seulement à l’humanité actuelle, mais à l’humanité connue, une race inattendue et imprévue, une race de surhommes, rêvée toujours plus ou moins nettement par le genre humain, réalisée quelquefois à moitié et que personne ne peut affirmer irréalisable. Créer le surhumain c’est le devoir présent, comme, du reste, éternel, de l’humanité.