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de travail pour des cerveaux plus médiocres, et ce champ de travail ne devrait pas être ouvert aux autres… Telles que les choses se présentent aujourd’hui, où, non seulement tous croient devoir être informés quotidiennement des choses politiques, mais où chacun veut encore y être actif à chaque instant et abandonne pour cela son propre travail, elles sont une grande et ridicule folie. On paye la sécurité publique beaucoup trop cher à ce prix ; et ce qu’il y a de plus fou, on aboutit de la sorte au contraire de la sécurité publique, ainsi que notre excellent siècle est en train de le démontrer, comme si cela n’avait jamais été fait. Donner à la société la sécurité contre les voleurs et contre le feu, la rendre infiniment commode pour toute espèce de commerce et de relations et transformer l’État en providence, au bon et au mauvais sens, ce sont là des buts inférieurs, médiocres et nullement indispensables, auxquels on ne devrait pas employer des instruments délicats. Notre époque, bien qu’elle parle beaucoup d’économie, est bien gaspilleuse ; elle gâche ce qu’il y a de plus précieux, l’esprit. »

Mais surtout l’État plébéien est un désarmement de l’État et une dénaturation de l’État, une transformation de l’État en sens contraire, une transformation de l’État en dissociation, une transformation de l’État en chose qui n’a que des vertus