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marier, dans ce petit — grand par le nombre — dans ce petit clergé dépossédé qui est la démocratie de l’Église et qui n’aimera jamais beaucoup Rome, et qui n’aimera jamais beaucoup les puissants, soit au temporel, soit au spirituel, et qui n’aimera jamais les artistes, et qui parlera, contre les puissants de ce monde, le langage démagogique et socialiste aux temps de troubles et de licence, c’est-à-dire au temps où il pourra parler, et que l’on trouvera, à la veille de la Révolution française prêt à la faire, et, en effet, contribuant très puissamment à ses premières approches et à ses premières victoires.

Il y a toujours eu deux Christianismes superposés, l’un qui était un Christianisme perverti, un Christianisme hellénisé et romanisé dont on pouvait dire : « Græcia capta ferum victorem cepit » ; l’autre qui était le véritable Christianisme d’origine juive, d’origine « prophète hébreu », le Christianisme démocratique, plébéien et plébéianiste, qui gardait vivant et faisait persévérer dans l’être l’esprit de saint Paul.

Et remarquez, seconde chose, non plus importante, mais plus frappante, au fond la même, du reste, que, toutes les fois que le chrétien a voulu revenir à la primitive Église, à l’esprit, au caractère, à l’état moral, à l’état d’âme de la primitive