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d’une autre façon, ce que je serais assez porté à souhaiter que l’on fît.

On n’a donc pas idée ici de ce que pouvait être un jeune romantique allemand vers 1870, enveloppé de romantisme de tous côtés, saturé de romantisme par toutes les influences, le recevant par la poésie, par le roman, par la philosophie, par la musique, par la conversation et par le patriotisme, se flattant de cette pensée que le romantisme était chose essentiellement allemande et qui faisait partie du patrimoine et de la gloire nationale. C’est précisément ce que fut Frédéric Nietzsche un peu avant 1870.

C’était sa diathèse, ce n’était pas son tempérament. Il s’affranchit. — Ce n’était pas son tempérament. Ce n’était pas tout à fait son tempérament. C’était bien un peu son tempérament et M. Fouillée l’a très bien vu. C’était un peu son tempérament, en ce sens qu’il était maladif, volontiers triste, aussi exagéreur et susceptible de s’éprendre du colossal et du gigantesque, aussi un peu désordonné et difficilement capable de mettre un ordre matériel dans ses idées, aussi très personnel, même au sens mauvais du mot et ne détestant pas la littérature qui est une confidence, un épanchement et une confession. J’accorderai tout cela, et, aussi bien, il a bien fallu qu’il y ait eu quelque chose du roman-